Quel est le rôle actuel de l’ONDA vis-à-vis des créateurs algériens dans le cinéma ?
Aujourd’hui, l’ONDA ne se limite plus à la simple gestion des droits. Nous avons élargi notre mission à la valorisation des créateurs. Chaque scénariste, compositeur ou réalisateur qui déclare son œuvre à l’ONDA nous mandate pour récupérer ses droits à chaque diffusion à la télévision ou dans les salles de cinéma. Mais cela suppose que les auteurs eux-mêmes jouent leur rôle et déclarent leurs œuvres. Notre action dépasse la simple gestion, elle accompagne le parcours professionnel et artistique des créateurs.
Comment évaluez-vous les connaissances des auteurs algériens sur leurs droits ?
Les connaissances sont limitées, ce qui est normal, ce n’est pas le rôle du créateur de tout connaître. Il est essentiel qu’ils se constituent en fédérations ou associations et qu’ils s’entourent de personnes compétentes pour gérer leurs droits et négocier efficacement. Le créateur doit se concentrer sur sa création, mais avoir le minimum de connaissances pour choisir le bon manager ou interlocuteur est indispensable.
Avec l’essor des plateformes internationales, comment sécuriser les films algériens ?
Les producteurs doivent se professionnaliser et positionner leurs œuvres sur les marchés étrangers et les plateformes numériques. Une fois qu’un film est exploité correctement, ces plateformes permettent de mesurer les audiences en temps réel et de redistribuer les revenus automatiquement. Mais cela nécessite que l’œuvre soit déclarée, exploitée et protégée via une société de gestion collective comme l’ONDA.
L’ONDA négocie-t-elle avec les plateformes numériques comme Netflix pour la numérisation et la sécurisation des œuvres algériennes ?
Nous travaillons avec Netflix, notamment pour les œuvres musicales et certaines œuvres cinématographiques. Pour que la négociation soit rentable, il faut disposer d’un volume suffisant de films, idéalement une trentaine ou une quarantaine, pour générer des revenus de redevances. Les producteurs pourront alors intégrer leurs films via des distributeurs et s’assurer qu’ils soient attractifs pour le public.
Concernant le piratage, comment lutter contre ce phénomène ?
La lutte contre le piratage repose sur l’éducation, l’intelligence collective et la responsabilité partagée. Il faut intégrer la question de la propriété intellectuelle dans les programmes de formation et sensibiliser tous les acteurs du secteur à leurs obligations. L’accompagnement doit être global, impliquant toutes les parties prenantes pour garantir la protection et la valorisation des œuvres.
Quel impact pour l’ONDA d’avoir été élu à la vice-présidence du SCCR de l’OMPI ?
En tant que vice-président du comité permanent du droit d’auteur et des droits connexes au niveau de l’OMPI, je représente l’Algérie dans les grandes instances internationales. Cela permet de défendre nos problématiques dans le « Grand Sud » et de participer à la géopolitique économique et culturelle mondiale, dominée par les grandes plateformes numériques et les pays développés. C’est une fierté pour l’Algérie et une reconnaissance du travail mené pour structurer le droit d’auteur et protéger nos créateurs. Elle ouvre des perspectives pour mieux négocier et faire connaître nos œuvres dans un monde où les règles sont souvent définies par les pays développés et les grandes plateformes numériques.



