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L’ultime journée du « CinéLab » de l’AIFF, pensé comme un espace de réflexion et de circulation des idées, a été placée sous le signe des projets de coopération, qu’ils soient nationaux ou internationaux, et a coïncidé avec la clôture des ateliers. Le commissaire du festival, Mehdi Benaïssa, a signé trois conventions.

La première a été conclue avec l’Institut supérieur de la formation professionnelle de Ouled Fayet, représenté par son directeur, Zerouali Abdelmalek. Dans l’effervescence du Souk, il a détaillé les contours de ce partenariat, pensé comme un engagement réciproque : « Plusieurs clauses encadrent l’échange d’expériences, l’organisation de masterclass, les stages pratiques de nos stagiaires qui participent à l’AIFF ». Insistant  sur l’importance de structurer les vocations, selon lui, « développer les métiers du cinéma est essentiel. Nous participerons à des événements de l’AIFF et l’AIFF participera aux nôtres, notamment à travers la logistique et l’organisation ».

Quelques mètres plus loin, la scène se répète, mais avec une portée nouvelle : une convention de coopération signée avec Film Lab Palestine. Son fondateur et directeur artistique, Hanna Atallah, nous a expliqué la dimension à la fois immédiate et stratégique de ce rapprochement. « À court terme, nous avons lancé l’atelier TOT (formation des formateurs), afin de développer la culture cinématographique chez les enfants et les jeunes, et leur apprendre comment raconter leurs histoires à travers le cinéma », souligne-t-il. Film Lab Palestine, fort d’une expérience dans ce domaine, souhaite transmettre un savoir-faire éprouvé. « Nous proposerons également un ensemble de films dont nous détenons les droits, en lien avec l’enfance et la jeunesse », indique-t-il.

Des résonnances entre l’Algérie et la Palestine 

Mais l’ambition va plus loin. Notre interlocuteur a précisé que ce programme de formation qui a été dispensé sur cinq jours, « Next Generation », porté par Film Lab, trouve en Algérie un point de départ: « Le noyau de lancement du programme a été l’Algérie. La première convention officielle, c’est avec l’Algérie ». Hanna Atallah a également fait savoir que ce partenariat favorisera la projection de films algériens en Palestine, particulièrement, les films sur la guerre de Libération. « Les films algériens comme ‘La Bataille d’Alger’ ou ‘Chronique des années de braise’ trouvent des résonances fortes avec notre cinéma. C’est un cinéma militant, une arme de résistance, essentielle pour garder nos histoires vivantes face aux déformations que subissent nos récits palestiniens ou arabes ». Dans le même mouvement, une autre signature officialise un partenariat avec le ciné-club « El Fen sabeê » (7e art) de l’Université Alger 2 Abu El Kacem Saadallah, renforçant davantage l’ancrage local du festival, qui cherche à inclure les structures universitaires dans la dynamique de formation et de diffusion.

La journée s’est poursuivie avec la clôture des ateliers organisés dans le cadre de l’AIFF, notamment l’atelier d’écriture de scénario, encadré par le romancier et scénariste Arezki Mellal, qui a accompagné une douzaine de stagiaires dans un travail dense de cinq jours. 

Développer le regard cinématographique des enfants

Parallèlement, l’atelier TOT « Cinema Next Generation », assurée par Hala Bazzari et Ronza Kamel de Film Lab Palestine, a offert une expérience immersive à onze participants venus d’horizons variés.

Hala Bazzari résume la philosophie qui guide ce programme destiné aux formateurs : « Film Lab est une organisation qui s’intéresse à la culture du cinéma et au soutien aux créateurs palestiniens. Avec ‘Cinema Next Generation’, nous travaillons sur la manière dont la conscience cinématographique s’éveille chez les enfants. Le cinéma ouvre leurs yeux sur leurs réalités, leurs problèmes, et sur le monde qui les entoure ». Insistant sur la nécessité de produire des contenus adaptés, elle a fait savoir que ce programme est né « besoin d’avoir un contenu arabe qui parle de l’enfant arabe et palestinien. Nous formons ici des formateurs à sélectionner les films selon les catégories d’âge, de 3 à 6 ans, de 6 à 9 ans et de 9 à 12 ans ».

L’objectif de l’atelier est d’apprendre aux enfants à regarder des films avec « un regard cinématographique, à exprimer leurs émotions, puis à débattre. Ensuite, ils pourront réaliser leurs propres films, raconter leur propre histoire ». Une pédagogie affranchie de la technicité lourde puisque tout se fait avec des smartphones ou des iPads. 

Somme toute, l’espace Souk AIFF où se sont déroulées les cérémonies de signature et de remise des attestations aux participants, a pris des allures de laboratoire où se dessinent les futurs visages du cinéma algérien et les projets conjoints de demain. Une manière pour le festival de rappeler que sa mission consiste également à bâtir les conditions d’un écosystème vivant, ouvert et durable.