La mémoire comme horizon, l’engagement comme flamme
Alger, ville de cinéma, de mémoire et de luttes. Depuis sa naissance, le Festival international du film d’Alger s’inscrit dans une lignée singulière: celle des images qui libèrent, des œuvres qui racontent les peuples, et des voix qui refusent le silence. Plus qu’un rendez-vous cinématographique, ce festival est un espace de prise de conscience. Ici, les films ne se contentent pas d’émouvoir ; ils questionnent, réveillent et tissent des liens entre passé et présent, entre mémoire et engagement.
Né dans une capitale qui fut, au cœur des années 1970, le foyer d’un cinéma militant et d’une solidarité universelle, le festival d’aujourd’hui porte cette même flamme dans un monde en quête de repères. Il célèbre la puissance du septième art comme langage de résistance et de transmission -un art qui témoigne, qui répare et qui relie. À travers sa programmation, le Festival international du film d’Alger met à l’honneur les cinéastes qui défendent les causes justes: celles des peuples en lutte, des mémoires effacées, des femmes et des hommes qui œuvrent pour la dignité humaine. Mais il célèbre aussi les créateurs qui inventent de nouvelles formes, qui questionnent la représentation et osent dire autrement. Cette année, le festival a l’immense honneur d’accueillir Cuba comme invitée d’honneur. Ce choix n’est pas anodin: il célèbre une fraternité historique entre deux peuples liés par les mêmes idéaux de liberté, de souveraineté et de justice sociale. Le cinéma cubain, à la fois poétique et politique, a toujours porté la voix des opprimés et célébré la dignité des peuples du Sud. À travers une sélection d’œuvres emblématiques et de rencontres inédites, cette présence cubaine rappelle que l’engagement artistique dépasse les frontières, et que la solidarité culturelle demeure un langage universel.
La mémoire, ici, n’est pas nostalgie: elle est une force vivante, un levier d’avenir. En revisitant les pages lumineuses et douloureuses de notre histoire, le festival invite à penser le monde d’aujourd’hui, à travers le regard des artistes qui refusent la résignation. Cette édition est un hommage à la persistance des images. À celles qui ont accompagné les révolutions, les indépendances, les renaissances. Et à celles, plus fragiles, qui continuent de témoigner dans les zones d’ombre, pour que la vérité, la justice et la liberté demeurent au cœur du cinéma.
Mehdi Benaissa
Commissaire du Festival nternational du film d’Alger

